Parler de la mort avec son enfant

Zoé a reçu un livre de Claude Ponti où la grand-mère part au ciel et depuis, c'est devenue un de ses grands sujets. Plusieurs fois par jour, elle évoque ce passage en répétant que nous allons tous aller au ciel et puis que l'on va revenir, que quand la mamy ne sera plus morte, elle reviendra faire un câlin à sa petite fille, que notre rat décédé l'année passée va bientôt revenir, etc.

Dur dur d'expliquer calmement les choses ou même d'entendre tout ça alors que j'ai moi-même une phobie assez prononcée de la mort. Ca m'angoisse à un point tel J'ai vraiment peur de lui transmettre ma propre phobie...

Mon mari a essayé de lui expliqué que l'on ne revenait pas de la mort (enfin avec d'autres mots), mais c'est compliqué à comprendre et je viens encore de lire que c'est une notion que l'on ne comprend vraiment que vers 9 ans.

Alors on a des livres sur la mort acheté lors du décès de notre rat, mais à part ça comment avez vous gérer ce genre de questions avec un petit?

Ici nous nous sommes retrouvés au coeur du sujet avec le décès du cochon d'inde d'une amie. A la même période, 2 dessins animés avec la maman du héros qui meurt (nemo et bouba). Le dessin animé bouba est très riche même si très dur par moment. En effet, Moy, le petit indien, est devenu ami avec Bouba et Frisket, 2 oursons. Les chasseurs veulent tuer la maman ourse mais la situation se retourne et la maman ourse menace le papa de Joy, une amie de Moy. Alors, le papa de Moy tue l'ourse pour sauver son ami. Ensuite, les oursons sont perdus et la famille de Moy essaient de les aider. Ce dessin animé est complexe, mais les filles sont fan. Nous avons beaucoup discuté de la mort de la maman ourse, du fait que Bouba et Frisket se sont retrouvé seuls, que d'autres se sont occupés d'eux, ils n'ont pas été seuls. Ensuite nous avons eu la phase: maman et toi, y'a quelqu'un qui va venir te tuer? C'était dur, j'ai été confrontée à ma propre peur de mourir et surtout de laisser mes enfants petits. Je leur ai dis qu'on ne pouvait pas savoir quand on allait mourir, mais qu'en général, on meurt quand on est vieux et que j'espérais pouvoir encore rester avec eux très longtemps. Ensuite, j'ai dévié du sujet en leur disant que les chats risquaient de mourir avant moi, parce que les chats vivent moins longtemps que les humains.

Ensuite, il y a eu une phase ou elles demandaient aux gens, dans la rue, au magasin: et toi, tu vas mourir quand? ou "tu es vieille alors tu vas mourir bientôt" La phase a été courte mais gênante pour les gens et pour moi J'ai fini par expliquer aux enfants que ça ne se faisait pas de demander aux gens quand ils vont mourir, que de toute façon ils ne savent pas, parce que personne ne sait quand il va mourir. Et que si j'apprenais la mort de quelqu'un qu'on connait, je leur dirais.

Quelques mois après ça, leur baby-sitter a cessé son activité de baby-sitter... et quand j'ai expliqué aux filles qu'on ne la verra plus jamais, Isabelle m'a demandé si elle était morte... pas facile pour elle de comprendre qu'elle ne reverront plus quelqu'un qui n'est pas mort, surtout qu'elles s'étaient attachées à elle.

Le sujet est complexe je trouve, mais je trouve normal que les enfants questionnent, ils ont besoin de comprendre. Et après bien des questions, ils sont passés à autre chose.

je pense que ça doit être très difficile à comprendre vraiment...c'est tellement compliqué, abstrait...je pense qu'en effet il existe des livres très didactiques sur ce sujet délicat, et qu'il faut aussi voir quelle sont les questions des enfants eux mêmes, répondre à leurs interrogations...

ici, le "sujet" a été lancé car ce we, C. a failli tomber dans une piscine, et ça m'a échappé, je lui ai dit "attention, si tu tombes, tu peux être mort"...il avait l'air très perplexe, et inquiet. j'attends de voir si il m'en reparle.

Je suis un peu dans le même cas, comment expliquer à un petit loulou qu'il ne pourra jamais voir son papy autrement qu'en photo parce qu'il est mort.

Ici j'ai des phases ou ils me disent "avant j'étais mort mais maintenant je ne le suis plus".

C'est peut-être un peu tard, mais comme je suis aussi confrontée à des questions "il est où papy J.?" "Pourquoi il est mort?", "Je veux le voir". J'ai un peu regardé les livres sur le sujet lorsque je suis allée à la parenthèse (magasin jeux et livres pour enfants à Liège). J'en ai trouvé un très chouette, "Les questions des petits sur la mort" aux Editions Bayard Jeunesse. Le livre est orienté pour les 3-6 ans, et réponds à travers des contes aux questions: "Pourquoi ça existe la mort?", "Pourquoi on vit si on meurt après?", "Peut-on savoir quand on va mourir?", "Où on va quand on est mort?", "Pourquoi c'est triste la mort?", "Pourquoi on n'aime pas parler de la mort?".

Moi ça m'a même aidé à dépasser mon malaise par rapport à ça, parce que j'ai trouvé des mots simples pour expliquer tout ça à mes loulous. Puis on est allé ensemble déposer des fleurs sur la tombe de mon papa ce weekend, ce qui a un peu rendu les explications concrètes. Ce qui m'a touché, c'est que mon loulou semblait vraiment triste de ne pas voir son papy qu'il n'a pourtant jamais connu. Réparation intergénérationnelle?

Merci pour les pistes et reflexions, je vais essayé de trouver ce livre gloomcookie.
C'est vrai que c'est très dur d'aborder un sujet tellement abstrait et que nous même nous avons du mal à comprendre... Je me suis demandé aussi si le livre expliquait à lui seul le questionnement de Zoé car une petite copine de classe de Zoé a perdu sa maman à la fin des vacances de pâque. Ses questions ont commencé plus ou moins à ce moment-là. Et après en avoir discuté avec l'institutrice, je sais que les enfants sont au courant.

Cela fait une semaine qu'elle n'en a plus parlé mais elle a de nouveau du mal à s'endormir. Je lui ai demandé ce qu'il se passe mais elle ne veut pas me répondre. Je ne suis pas sûre que ce soit ses questions sur la mort ou pas ou plutôt une multitude de petits évènements qui sont à l'origine de ses insomnies...

Peut-être qu'elle ressent ton malaise et ta peur via ce que tu tente de lui expliquer, et que c'est ce qui l'effraie. J'ai du faire face avec C. à des larmes parce qu'il voulait voir papy J. et qu'il était triste de ne plus jamais le voir. Et en fait, je me rends compte qu'avoir abordé ce sujet avec lui, et lui avoir aussi exprimé ce que je ressentais m'a aidé à passer une étape plus loin par rapport au décès de mon père, que j'ai extrêmement mal vécu, et qui me touche encore terriblement aujourd'hui. En bref, les questions de mes loulous m'ont aidé à guérir d'une blessure que je ne savais même pas qu'elle était encore présente.

Je pense que les questions de ce livre sont suffisamment ouverte pour permettre d'aller plus loin. J'ai pu aborder les questions des différentes croyances par rapport à la mort, et aussi exprimer quelles étaient les miennes, en expliquant que personne n'était certain de ce qui se passait après, et que des gens croyaient d'autres choses (paradis, réincarnation, ...). En fait, je leur ai lu les histoires, puis j'ai essayé d'utiliser la même simplicité pour répondre aux autres questions qui ont suivi.

Si on lui a dit qu'être mort c'est comme dormir pour toujours, ça pourrait expliquer la peur de s'endormir, donc de mourir aussi...

Encore merci les filles. J'ai eu une conversation avec elle où je lui ai dit que j'avais moi-même peur de mourir, qu'on en savait pas quand cela arriverait mais que normalement ce n'était pas avant longtemps et qu'elle ne risquait pas de mourir en dormant. Depuis ça va mieux... Elle ne s'endort pas tôt mais je n'ai plus l'impression que c'est parce qu'elle est angoissée. Il semble qu'elle est entre 2 rythmes, pas encore capable de ne pas faire de sieste mais celle-ci lui redonne la pêche jusqu'au soir, vers 22H et elle se réveille en pleine forme vers 8h...

J'ai reçu le livre que tu m'as conseillé Gloomcookie, il est très chouette. Je ne l'ai pas encore lu à Zoé mais je le garde précieusement sous la main

Contente que ça te convienne.

Aujourd'hui mes deux grands partaient en vacances chez mammy. Mon petit garçon a mis des photos dans une pochette en disant qu'il voulait les montrer à papy J. Quand je lui ai demandé comment il allait faire, il a dit qu'il allait les mettre sur la terre sur la tombe. Tout naturellement. Je suis restée un peu surprise, lui avait l'air de trouver ça tout naturel.

Grisouille, mon fils a fait pareil, il a dit à une de mes vieilles tantes "tu vas bientot mourir". On ne sait plus ou se mettre dans ce cas hum!
moi j'ai dit que l'âme est au ciel et le corps dans la terre, dur pour eux de comprendre. Il y a des livres très bien fait, ou des dessins animés comme disait je ne sais plus qui (déso)

Je reviens avec ce sujet qui est toujours fort présent pour Zoé et du coup pour moi également.

Cela fait des mois que Zoé s'interroge, questionne et nous sort des réflexions abruptes sur ce sujet qui m'angoisse tellement. J'essaie de ne pas créer de tabou mais plus on en parle, plus mes propres angoisses remontent et m'empêche de trouver le sommeil le soir...

La dernière en date de Zoé:

"Le prochain qui va mourir, c'est papy chaussure. Ensuite ce sera Mamy J. puis un jour Mamy Mi et Mamy Do. Tu seras triste maman quand Mamy Mi, elle va mourir?"
Moi: " Ben oui, c'est ma maman... mais ce n'est pas pour tout de suite tu sais"
Elle: "Mais faut pas être triste tu sais, on meurt tous..."


Une autre fois:

"Je veux pas mourir maintenant maman..."

C'est parfois pas évident je trouve de gérer tout ça. J'ai des livres qui traite de ça, j'essaie de lui parler de nos croyances, je répond le plus sincèrement à toutes ces questions mais comment réussir à ne pas lui transmettre cette angoisse presque permanente qui m'habite pour l'instant?

Bref, pas toujours facile tout ça...

Il me semble que tous les enfants passent par une phase ou la mort les travaille... ici, ils ont vécu la mort de leur arrière-grand-maman... je leur avais répondu qu'on ne peut pas savoir qui meurt en premier, ni quand, mais que si quelqu'un meurt, je le leur dirais. Elles avaient aussi peur de qui s'occuperaient d'elles si moi je meure. Ce ne sont pas tant les questions métaphysiques qui les intéressent que les choses pratiques, très terre à terre. Que fait-on du corps, pourquoi les gens pleurent, aborder les questions de la tristesse... et après la mort de quelqu'un, que font ceux qui restent.

C'est vrai Grisouille qu'ils passent tous par là sans doute avec plus ou moins de questions selon chacun. Je me demande juste combien de temps dure cette phase "normale", ayant moi-même développé une phobie de la mort à partir de cet âge là...

Les miens à quatre ans et demi sont toujours dedans par période. L'autre jour j'ai dû répondre à "maman, quand tu sera morte, j'espère que papa trouvera une gentille maman comme toi, pas une méchante comme la nouvelle maman de Blanche Neige". Cà flanque un drôle de choc quand même. (Je précise que c'est ma BM qui s'obstine à vouloir leur lire les horribles contes Disney, parce que bon c'est de belles histoires. Je suis peut-être pas normale, mais je trouve qu'une BM qui veut assassiner sa belle-fille, c'est pas une belle histoire )

Arthur est aussi dans cette phase, mais j'ai l'impression que ça se calme un peu. Ca ressort typiquement quand on reparle de la famille, et qu'il faut mentionner que la Maman de Papa n'est plus là parce qu'elle est morte. En découle évidemment des "Je ne veux pas que Papa ou toi vous mourriez", "Quand est-ce que vous allez mourir?", etc. En général, je lui dis "dans très très longtemps j'espère, quand tu seras grand, que tu auras ta famille et que tu n'auras plus besoin de nous pour vivre". Je n'approfondis pas trop le côté "accidentel" de la mort, parce que c'est quelque chose qui m'angoisse et je suis mal à l'aise d'en parler, mais il sait que ça existe puisqu'il connaît l'histoire de mon cousin décédé à 6 ans.

Le plus dur, je trouve, c'est quand il a commencé à en parler, et où il n'avait pas encore saisi le côté triste et définitif de la mort. J'ai eu l'impression de devoir lui ouvrir la porte à des angoisses dont il se passait bien jusque là... Et de fait, il a commencé à exprimer des craintes, mais il semble petit à petit avoir intégré le concept et appris à vivre avec.

Un autre point qui me pose difficulté, c'est quand il est brusque/un peu violent avec son frère. Il ne sait évidemment pas à quoi il expose le petit quand il le serre à l'étouffer, qu'il lui grimpe dessus ou bien qu'il le pousse sans prendre garde aux conséquences d'une chute à ce moment et cet endroit, mais franchement, il y a des moments où je trouve que ses gestes mettent parfois potentiellement (enfin, TRES potentiellement, j'imagine toujours le PIRE scénario catastrophe possible) la vie de son frère en danger. Comment arriver à lui faire prendre conscience du danger, sans lui dire "Attention, tu risques de tuer ton frère!", phrase qui, je trouve, pourrait soit terriblement l'angoisser, soit lui faire comprendre qu'il a potentiellement un ENORME pouvoir sur son frère.

Je viens de lire votre échange avec plein de larmes dans les yeux.
Bébé n'est pas encore là, les questions non plus, mais je me suis déjà demandée comment on pourra aborder la question de la mort avec lui.
En effet, la crevette que je porte a été conçue en pleine période de deuil familial, mon petit frère de 20 ans s'étant suicidé il y a 6 mois. Dimension supplémentaire donc que celle du suicide... Celle de la mort si jeune... Comment lui expliquer qui est ce tonton qu'il verra sur les photos familiales, et sur tant de murs dans son entourage? Ce tonton qui, la dernière fois que je l'ai vu, me demandait quand viendrait son "filleul"...
Mais je me pose sans doute toutes ces questions bien trop tôt... :-)